[TAA] Le Villageois possédé [TAA]

Tout ce qui concerne Hearthstone de près ou de loin.

Enfin.


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Le Villageois possédé

Dirk était un homme normal. Qui dit homme normal dit village normal. Il y travaillait en tant que forgeron et aimait son métier qui était tout aussi ordinaire que lui-même. En effet, cet homme maigre, aux cheveux et à la barbe bruns et aux yeux bleus vivait sur le continent gelé du Norfendre, aux Pics Foudroyés, dans son petit village de montagne où le métier de forgeron était très répandu. Dirk, avec les années, savait faire face au froid de la région et revêtait souvent une veste en peau de Murloc qu'il tenait de son père. Ah son père ! Ce brillant chasseur de Kodos et de Yétis, ce superbe explorateur de tous les continents d'Azeroth et, surtout, ce combattant aguerri qui défendait le village lorsqu'il n'était pas en voyage. Dirk avait aimé profondément son père et fut très dévasté lors de sa reconversion en Mort-vivant à l'époque du fléau. Mais le problème, en plus de sa tristesse, était qu'il dut revêtir le rôle de protecteur du village. Dirk détestait tout ce qui avait trait à la guerre et ne savait pas se battre. Non, ce qu'il voulait, c'était une vie tranquille de forgeron vivant avec sa femme et ses enfants. Mais – et ses voisins ne s'étaient pas manqués de le lui rappeler – son destin était de protéger le village de tous les dangers possibles. Et il y en avait, des dangers ! Entre les Mammouths qui menaçaient de charger dans les maisons, les tempêtes de glace qui pouvait tous les faire mourir de froid et, le plus terrifiant, des étrangers rôdant dans les environs depuis quelques temps dont les motivations étaient mystérieuses, Dirk était servi ! Malgré le fait qu'il n'était point guerrier, il ne demeurait pas un homme sans principes et courage. Le premier de ses principes était de ne jamais se laisser clouer le bec par ces abrutis de voisins ! Ces deux vieux croûtons si ridés qu'on pourrait les confondre avec des Troggs avaient passé leur vie à critiquer son père et ils commençaient déjà à faire de même avec lui.
- Alors petit, la trouille ?
- Ton père était un minable, je n'ose même pas imaginer ce que tu feras toi !
- Il faudra qu'on déménage si on ne veut pas mourir, le village ne me semble plus très sûr... disaient-ils en ricanant dans leur coin.
A cause de ces moqueries répétitives, Dirk avait finalement accepté son rôle et eut droit à une cérémonie où on lui remit une épée de jade pour mener à bien sa tâche. Ses voisins en avaient été stupéfaits ! Après la cérémonie, il retourna chez lui où Wandy, sa femme, l'attendait au salon. Il l'avait rencontrée quelques années auparavant quand la famille de la jeune femme s'était installée au village. Ils avaient tout de suite eu le coup de foudre et s'étaient mariés quelques mois plus tard. Wandy était une humaine, comme lui, et avait de longs cheveux blonds et des yeux bruns. Elle n'était pas venue à la cérémonie car elle ne se sentait pas très bien. Sûrement une maladie quelconque.
- Alors chéri, comment était la cérémonie ?
- Oh, les voisins étaient tout énervés ! Je jubilais intérieurement. Et toi, tu te sens mieux ?
- Oui, oui ça va. Mais je me fais du souci pour toi. J'ai l'impression que tu as accepté ce poste juste parce que les voisins te narguent.
- Mais non voyons, je te le promets.
- Alors c'est bon, je suis rassurée, dit-elle avec un petit sourire.
Dirk se pencha pour l'embrasser mais elle le repoussa gentiment.
- Demain, c'est ton premier jour en tant que défenseur du village. Je m'en voudrais si tu tombais malade, dit-elle un peu amusée.
Dirk alla donc se coucher en souhaitant à sa femme une bonne nuit et en lui assurant que lui aussi serait très déçu d'être malade le lendemain.
« Nom d'un Murloc, je meurs d'envie d'être malade demain. Je crève de peur moi ! » pensa-t-il.
Il s'endormit alors et plongea dans un sommeil sans rêve.

Dors tant que tu le peux encore.
Profite de ta femme et de ta maison.
Bientôt, au moment de l'aurore,
Je te ferai perdre la raison
.

Jour 1


Dirk se réveilla en sueur et eut l'impression de ne pas avoir dormi. Il alla à la cuisine et se prépara un sandwich pour la journée. Sur le moment, il n'avait pas faim et avait un peu peur. Étrangement, il avait l'impression que quelque chose lui avait insufflé des paroles néfastes durant la nuit et qu'il était fiévreux. Finalement, il se convainquit que ce n'était que le trac et il enfila la veste de son père puis empoigna son sabre de jade et l'attacha à sa ceinture. Avant de passer la porte, il posa un baiser sur le front de sa femme qui s'était endormie devant la cheminée.
- Je prie pour que tout se passe bien, murmura-t-il.


La forêt enneigée se dressait devant lui et il avait l'impression que, entre ces arbres, la mort pourrait le trouver. Il chassa vite cette idée de son esprit et se mit à lire, sur la liste que le maire lui avait laissée, les choses à faire de la journée. Visiblement, sa journée allait être calme car il n'y avait que deux choses inscrites sur le bout de papier. D'abord, il devait tuer un sanglier pour le repas du village et, ensuite, aller un peu plus loin vérifier si les signaux de fumée du village voisin – c'est à dire les seuls signes qui indiquaient qu'il n'y avait pas de problèmes dans le voisinage – étaient toujours là. Il prit donc son épée à deux mains et entreprit de chercher un sanglier. Il ne tarda pas à en trouver un derrière un fourré. Il prit alors une grande inspiration et se jeta sur le pauvre animal sans défense. Il finit par égorger la bête en se cachant les yeux pour ne pas vomir. Il ne voulait montrer aucun signe de faiblesse à son retour et vomir n'était pas la meilleure solution. Il décida, après ce moment éprouvant, de poser la dépouille près d'un arbre enneigé et de manger son sandwich un peu plus loin. Il se posa alors sur un caillou et admira la nature environnante. Le souffle du vent lui lécha le visage et ceci le fit sourire. Il pensa à une phrase que son père lui disait souvent lorsqu'ils se promenaient tout les deux :
« Mon enfant, si tu as peur du bruit du vent, n'oublie jamais que, toujours, son souffle te réconfortera aux moments opportuns. »
Etant petit, Dirk ne comprenait pas totalement cette phrase, mais appréciait quand son père lui apprenait ce genre de choses. Un cri d'oiseau tira le défenseur du village de ses songes. Il se mit alors à écouter les bruits des alentours et prit bonheur à relier chaque son à son propriétaire. C'était un jeu qu'il aimait bien faire lorsqu'il était seul. Mais au moment il reconnut le cri d'un corbeau, il entendit au loin quelque chose d'inhabituel. Une sorte de voix aux accents machiavélique qu'il avait entendu pour la dernière fois le jour de la mort de son père. Il essaya de se convaincre que ce n'était que le vent.
« Mon enfant, si tu as peur du bruit du vent, n'oublie jamais que, toujours, son souffle te réconfortera aux moments opportuns. » se répétait-il pour se rassurer.
Il finit alors son maigre repas et décida d'aller vérifier la présence de fumée pour pouvoir déguerpir vite fait. Il fut soulagé en la voyant au loin, s'élevant dans le ciel, comme les âmes des défunts d'après les chamans du village. Satisfait, il retourna chercher le cadavre du sanglier à l'endroit où il l'avait abandonné. Soudain, penché sur la dépouille, il eut le sentiment que la voix appartenant, comme il l'imaginait, à un être maléfique qu'il avait entendue un peu plus tôt (Le souffle du vent, qu'il avait entendu un peu plus tôt , voyons !) venait d'ici. Il prit alors le sanglier mort sur ses épaules et partit en direction du village le plus rapidement possible que lui permettait le poids de la bête. Il espérait que personne ne verrait qu'il avait eu peur, même si ça semblait stupide vu qu'il avait été seul dans cette forêt. Enfin, il n'en était pas totalement sûr...
« Mon enfant, si tu as peur du bruit du vent, n'oublie jamais que, toujours, son souffle te réconfortera aux moments opportuns. » Encore cette phrase !
Il chassa ses sombres pensées de son esprit et, avant de passer le portail en bois qui marquait l'entrée du village, il osa un regard vers la forêt. Il crut, tout à coup, voir un pan de cape voleter derrière un arbre et il faillit crier. Heureusement, au moment où il cligna des yeux, le bout de cape disparut comme il était apparu, ce qui le convainquit que tout ce qui lui avait fait peur aujourd'hui n'était que visions et que ça devait être dû au stress de sa première journée de défenseur. Il devait être dix-sept heures lorsqu'il traversa le village sans parler à personne et qu'il alla au lit directement sans même dire bonjour à Wandy. Il dormit alors jusqu'au lendemain matin.


Pauvre petit humain.
Apprécie les petits moments de la vie.
Car bientôt tout espoir sera vain,
Et tu seras à ma merci.


Jour 2


Dirk avait, pour la première fois depuis qu'il se savait destiné à défendre le village, passé une bonne nuit de sommeil. Il fut réveillé par les oiseaux qui chantaient et était de bonne humeur. Il avait tout oublié de ses frayeurs de la veille et il était prêt à reprendre son travail comme s'il ne s'était rien passé. Cette fois-ci, il se prépara un petit déjeuner bien copieux et le mangea avec ardeur. Pour midi, il se fit deux sandwichs et entreprit même de prendre avec lui un morceau du sanglier qu'il avait tué hier. Il avait gardé le cadavre dans son atelier de forgeron et pouvait faire tenir tout le village pendant plusieurs jours avec toute cette viande. Dirk s'en alla alors tout joyeux, les pieds dans la neige, vers la forêt. Le maire lui avait confié une nouvelle feuille avec ses objectifs de la journées et il fut ravi de voir qu'aucun ne ressemblait à ceux de la veille. Il devait couper du bois, ramasser des plantes médicinales et, pour finir, aller à la Désolation des Dragons et arrêter une tribu de Roharts qui s'amusaient à piétiner les ossements de Dragons. Au besoin, les tuer. Cette dernière consigne fit tomber sa bonne humeur et il faillit renoncer. Il était presque entrain de faire volte-face pour rentrer chez lui quand un de ses voisins l'interpella :
- Alors, la frousse ? Ha! Ha ! Ha ! je savais bien que tu étais un petit lâche !
- Non, non... euh... j'ai... oublié mon épée, improvisa Dirk.
En plus, il ne mentait pas et dut retourner la chercher avant de s'enfoncer dans la forêt. Il avait l'impression, comme hier, qu'une présence maléfique hantait ces bois. Mais il n'y fit pas attention et, durant la matinée, il coupa son bois et cueillit ce qu'il devait cueillir. Après ce matin plutôt éprouvant, il s'installa sur une grosse pierre enneigée et mangea à pleines dents ses deux sandwichs. Il entreprit ensuite de faire un feu pour cuir sa cuisse de sanglier. Il fit alors un feu avec deux cailloux et commença à faire cuire son morceau, résultat d'un dur labeur, à l'extrémité d'un bout de bois taillé en pointe. L'air s'emplit d'une délicieuse odeur de viande rôtie et Dirk se mit à saliver. Mais, tout se passa très vite, au moment il allait manger son bout de sanglier, il ressentit à nouveau la présence maléfique, un sanglier passa dans un buisson tout proche – à la lumière du feu, Dirk crut qu'il avait des yeux rouges brûlants de haine – et il aperçut à nouveau un pan de cape noire derrière un bouleau tout proche. Malgré sa superbe peur à ce moment-là, il prit son courage à deux main et courut vers l'endroit ou il avait cru voir une cape noire. Au moment où il arriva derrière l'arbre en question, il ne vit rien. Mais en redressant la tête, il vit au loin une silhouette escalader une pente qui menait à la Couronne de Glace, demeure du sinistre Roi-Liche. Dirk, depuis la perte de son père, avait tout fait pour éviter cet endroit et ne comptait pour rien au monde y aller aujourd'hui. Il décida donc de laisser tomber l'inconnu à la cape et retourna près de son feu manger son sanglier en vitesse (il sentait toujours cette présence...). Il lui sembla que le morceau de viande avait un drôle de goût, comme un goût de mort. Mais il oublia vite cette idée et partit en direction de la vallée de la Désolation des Dragons. Le trajet dura au moins une heure et demi et, lorsqu'il arriva enfin, il se posa un moment sur le flanc d'une montagne pour observer le spectacle qui s'offrait à lui. Il avait une vue d'ensemble sur la vallée et pouvait apercevoir des cadavres de Dragons à diverses endroits, le Temple du repos du Ver, le Donjon de garde-hiver et plein d'autres magnifiques choses que cherchaient certains explorateurs en venant au Norfendre. Il détourna la tête lorsqu'il vit au loin la nécropole, Naxxramas. Cela lui rappelait trop son père et les Morts-vivants. Il continua donc son chemin et finit par arriver dans la vallée. Il y régnait une ambiance sinistre. Dirk était entouré de squelettes de Dragons et il ne se sentait pas très bien. Tout à coup, au loin, il aperçut le groupe de Roharts qui tenaient de courtes épées et qui s'amusaient à casser les ossements ; sa mission. Dirk, qui n'était pas violent, entreprit d'aller leur parler. Il ne voulait absolument pas faire couler de sang et s'avança prudemment vers les trois hors-la-loi.
- Bonjour, excusez-moi mais j'habite un village dans les Pics Foudroyés et je suis chargé de vous dire qu'il est interdit de dégrader les ossements de Dragons.
Les trois Roharts éclatèrent d'un rire gras et celui avec une grosse cicatrice sur l'oeil qui semblait être le chef s'avança, menaçant, vers Dirk. Il commença à pointer le bout de son épée vers son torse et lança :
- J'te conseille de vite dégager si tu veux pas de problèmes !
- Euh, je suis obligé de refuser, on m'a clairement ordonné de vous... tenta d'expliquer l'humain.
- Ferme-la et retourne chez toi imbécile ! coupa le chef des Roharts.
A partir de ce moment, tout se passa très vite. Le gros Rohart à la cicatrice abattit sa lame sur l'épaule de Dirk et celui-ci tomba au sol en hurlant de douleur. Le pauvre homme se mit alors à sangloter. Il ne méritait pas ça. Il avait enduré des frayeurs extrêmes, un froid glacial, la moquerie de ses voisins et plein d'autres choses. Il ne comptait pas finir comme ça. Alors, au moment où le petit groupe de bandits se retournait pour détaler, il sortit sa lame de jade de son fourreau et, en un coup de maître, trancha la tête du chef Rohart. Les deux autres, abasourdis, s'enfuirent en courant et Dirk les vit disparaître en deux petits points noirs à l'horizon. L'homme, abattu, se laissa alors tomber au sol et pleura à chaudes larmes. Il s'était laissé submergé par la colère et s'était fait peur tout seul. Jamais, durant un accès de rage, il n'avait-il fait preuve de violence. Et là, tout à coup, il se mettait à tuer quelqu'un. Il avait l'impression de devenir fou et cette présence angoissante ainsi que l'étranger à la cape n'aidaient en rien. Il finit par rentrer chez lui trois heures plus tard et s'endormit devant la cheminée, triste et déprimé. Sa femme, de son côté, commençait à s'inquiéter...

Demain, l'histoire s'achèvera.
Tu seras à moi dès le crépuscule,
Lorsque le soleil apparaîtra,
Misérable être minuscule !


Jour 3

Il ne restait plus que des cendres dans la cheminée lorsque Dirk se réveilla. Il entreprit de se préparer à manger pour la journée mais il tremblait tellement qu'il ne put rien faire de ses mains. Que voulaient dire ces tremblements ? Il l'ignorait mais pensait bien que ce n'était pas bon signe. Peut-être que c'était la cause de son stress de la veille. « La cause de ton meurtre de la veille » ne put s'empêcher de murmurer une voix intérieure exaspérante. Si en plus, il commençait à entendre des voix... Dirk se demanda alors, debout dans la cuisine, où était passé le forgeron ordinaire qu'il était il y a encore quelques jours. Pour oublier ses sombres pensées, il décida d'aller trouver sa liste de choses à faire de la journée. L'air du matin était froid et lui glaçait les membres. Visiblement, le maire ne lui avait rien laissé. Il allait alors rentrer pour purger son désespoir en lisant un bon livre quand quelqu'un l'appela :
- Attendez ! Attendez !
C'était le maire qui courait vers lui en agitant les bras. Ça lui donnait un air stupide et Dirk réprima un rire, chose qu'il n'avait plus eue l'occasion de faire depuis un moment. Monsieur le maire était un petit homme trapu, avec un grosse moustache blanche, qui, disait-on, avait vaincu une tribu de Trolls à lui tout seul. Dirk n'y croyait absolument pas et l'avait toujours considéré comme un petit personnage un peu comique et bizarre. Mais aujourd'hui, il allait beaucoup apprécier ce qu'il allait lui dire.
- Eh bien voilà, je venais juste vous dire qu'aujourd'hui vous ne devrez pas travailler, déclara-t-il, essoufflé.
- Youhoouuu ! Euh... je veux dire... dommage. J'adore mon travaille, répondit Dirk, un peu gêné d'avoir laissé se manifester sa joie aussi fort.
- Hem, hem, j'espère bien. Car, ce matin, nous ferons une fête en votre honneur et nous mangerons tous ensemble.
- Tous ensemble ? demanda Dirk.
- Tout le village oui. Et je tiens à vous dire que vous devrez faire un discours. Nous sommes tellement heureux que vous ayez accepté ce poste ! En plus on remarque tous que vous adorez ça : toute cette aventure !
- On peut le dire... dit-il sur un ton morose.
- Bon, je dois aller commencer les préparatifs. Vous avez tout le matin pour vous préparer. Vous reprendrez le travail demain. Je vous préviens que la fête risque de durer toute la nuit et qu'elle se tiendra à la mairie.
- Très bien, merci. Alors à plus tard.
Dirk retourna chez lui en claquant la porte derrière lui. Durant la matinée, il essaya tant bien que mal d'écrire un discours convenable mais n'y parvint pas. Il décida donc de retourner se coucher. Il n'avait pas remarqué l'absence de Wandy et il n'imagina pas une seconde que l'idée de la fête venait d'elle et que le but était qu'il se détende.


Quand il arriva à la mairie, il était reposé et assez heureux. Il n'avait pas repensé à la journée de la veille ce qui lui permettait de conserver encore un peu de joie en lui. La mairie était le seul bâtiment qui n'était pas en bois et se dressait plus haut que les autres. Il avait été taillé dans la pierre et monsieur le maire en était très fier. À l'intérieur, il régnait déjà une atmosphère de fête. Quand il passa le pas de la porte, Dirk fut accueilli par une délicieuse odeur de viande grillée. Ça devait sûrement être de la volaille, sa viande préférée.
- Ah, bonjour ! dit le maire qui venait d'apparaître dans le hall. Nous vous attendons avec impatience, j'espère que votre discours est prêt. Et est-ce que vous avez amené le sanglier que vous avez chassé lors de votre premier jour ?
- Non, pourquoi ? Je devais ? interrogea Dirk.
- Mince ! J'ai oublié de vous l'annoncer ce matin... bah ce n'est pas grave. Nous avons bien assez. Mais enfin, avec tout ça, j'en oublie les bonnes manières... entrez donc, entrez donc !
Il lui fit alors traverser le hall d'entrée et ils finirent par arriver dans l'immense salon où était entreposé un buffet digne des plus grands rois d'Azeroth. Dirk ne put s'empêcher de lâcher une exclamation de surprise. On avait fait tout cela pour lui !
- Merci beaucoup... je suis vraiment touché... balbutia-t-il.
- Oh, ce n'est rien, répondit le maire. Je dois vous avouer que si tout est aussi bien décoré et que je suis si élégamment vêtu, c'est à cause de votre femme.
Dirk baissa alors un regard vers les vêtements du maire et ne put s'empêcher de constater qu'ils étaient impeccables. Il se retint donc, pour ne pas gâcher son plaisir, de lui faire remarquer qu'il avait de la sauce autour de la bouche.
- Eh bien, monsieur le maire, je crois qu'il est temps que j'aille remercier mon épouse pour l'organisation de cette fête.
Il prit congé du chef de la maison et alla trouver sa femme dans la cuisine. Elle préparait des petites pâtisseries qui avait l'air délicieuses.
- Bonjour chéri ! lança-t-elle lorsqu'elle le vit entrer. La fête te plaît ?
- Je te remercie. Ça va me changer les idées. Mais je crois que, finalement, ce travail n'est pas fait pour moi.
- Mais, enfin, ne dit pas ça. Tout le monde ici veut te rencontrer. Et c'est justement parce que tu défends notre village. Je te conseille d'ailleurs d'aller un peu discuter avec les gens près du buffet.
- Bon, d'accord chérie. Je te laisse à tes préparatifs alors, dit-il.
Il retourna au salon où quelques personnes mangeaient en discutant gaiement. Il commença par parler avec un gros monsieur qui affirmait chasser les Murlocs et qui s'empiffrait de cuisses de poulet à une vitesse tellement folle, qu'on avait l'impression qu'il allait s'étouffer à tout moment. Ensuite, il dut supporter une vieille femme qui n'arrêtait pas de le recouvrir d'éloges. Enfin, après le repas de midi, il put enfin se reposer et se posa sur une petite chaise en bois dans un coin sombre de la mairie. Environ une demi-heure plus tard, alors qu'il était sur le point de s'endormir, un jeune homme aux cheveux blonds vint s'asseoir près de lui. Dirk s'étonna de ne jamais l'avoir vu dans les environs. Dans ce petit village perdu, tout le monde se connaissait. L'inconnu lui dit alors :
- Bonjour.
- Euh... bonjour, répondit Dirk qui était un peu décontenancé par le manque d'explications de la part de cet étranger.
Il se demanda soudain si cet homme était invité à la fête. En plus, personne ne pouvait les remarquer, tellement le coin était sombre. C'était le moment opportun pour frapper si tel était le but du blondinet. De sa chaise, Dirk ne décelait pas vraiment le visage de son interlocuteur. Il voyait bien qu'il avait les cheveux blonds et qu'il était jeune mais ses traits restaient mystérieux.
- Toi aussi, tu les entends hein ? lança-t-il d'une voix monocorde.
- De quoi parlez-vous ? questionna Dirk qui commençait à avoir peur.
- Les voix. Les présences. Les hallucinations. Tout ceci n'est rien par rapport à ce qui arrive... répondit-il sur le même ton.
- Je... mais qui êtes vous enfin ?!
- Je suis... personne !!! éclata-t-il en sanglot. Si tu veux savoir, viens cette nuit, à minuit dans les bois.
- Mais... tenta de raisonner Dirk.
Avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit, l'homme s'était placé devant une fenêtre toute proche.

- Faites le sortir. Faites le sortir de ma tête ! Murmura-t-il avant de briser le carreau et de s'enfuir vers la forêt.
Dirk resta choqué un long moment. En plus, les autres gens de la fête n'avaient rien remarqué. Le maire déclara même que ce devait être un oiseau qui s'était cogné la tête. Mais dans tout ça, ce qui l'inquiétait le plus, c'était de devoir aller dans la forêt en pleine nuit. En effet, il avait pris sa décision. Il voulait savoir qui était ce mystérieux inconnu...

Jour 4

Minuit. Il le savait. La lune était à son plus haut stade et les ténèbres qui l''engloutissaient étaient plus sombres que jamais. Pour s'échapper de la fête, il avait dit à sa femme qu'il allait vite chercher le sanglier dans son atelier pour qu'ils ne manquent pas de victuailles. Évidemment, elle avait approuvé avec un grand sourire. « Peut-être tu ne le verra plus jamais, ce sourire » fit la voix exaspérante dans sa tête. Dirk ne put réprimer un frisson. Il faisait noir et il avait très peur. Au bout d'un moment de marche paniquée, en se retournant au moindre bruit, il arriva dans une clairière éclairée par le clair de lune.
Là, une silhouette l'attendait...

Il reconnut immédiatement l'homme à sa chevelure qui paraissait presque blanche à la lueur de la lune. Dirk s'avança au milieu de la clairière.
- Qui êtes-vous ? demanda-t-il d'une voix mal assurée.
L'étranger ne dit strictement rien. Il se passa au moins une minute avant qu'il se décide à parler.
- Je suis... un être en train de se faire détruire de l'intérieur, annonça-t-il dans un murmure que semblait être le fruit d'un effort énorme.
- Je ne suis pas vraiment sûr de comprendre...
- NE M'INTERROMPS PAS ! cria-t-il en se prenant la tête dans les mains.
Il fallut un moment avant qu'il ne puisse se maîtriser. On aurait dit qu'il luttait contre lui-même. Tout ça ne plaisait pas du tout à Dirk. Il était quand même dans une clairière sinistre, en pleine nuit, avec un inconnu qui pouvait se montrer dangereux. L'homme était maintenant à genoux, par-terre. Il fallut encore un petit laps de temps avant qu'il ne puisse se redresser. Tout d'abord, Dirk crut qu'il avait les joues trempées de larmes. Il fut saisit d'effroi lorsqu'il comprit que c'était du sang. L'homme s'était griffé le visage tellement profondément qu'il avait fini par se défigurer.
- C'est... ce qui... T'ATTENDS ! s'exclama-t-il dans un immense sanglot. Tu comprends ? Bientôt tu seras comme moi. Nous sommes déjà quelques-uns dans les environs. C'est sûrement nous que les gens décrivent comme des « étrangers aux motivations mystérieuses »
- Mais je ne suis pas fou ! S'écria Dirk qui en avait assez d'être pris pour tel depuis désormais une heure.
Alors, l'inconnu eut une réaction totalement inattendue. Il éclata de rire. Non pas d'un petit rire sournois, mais d'un rire gras aux accents de folie pure.
- Quelle naïveté, finit-il par déclarer, sa crise d'hystérie terminée. N'as-tu pas l'impression d'entendre des voix depuis quelque temps ? Ne sens-tu pas une présence étrange quand tu es seul dans la forêt ? Est-ce que tu as parfois des accès de colère totalement incontrôlés ? Ne vois-tu pas des apparitions derrière les arbres ? Et enfin, il faut que tu me dises la vérité, as-tu commis la pire des choses, as-tu donné la mort ?
Pris de court, Dirk cessa de respirer pendant un moment. Il se laissa tomber sur le sol humide en répondant dans un souffle :
- Oui.
- Haha ! Je le savais ! Maintenant que tu sais tout cela, il est temps que ton destin te rattrape. Tu verras, tu comprendras tout ce que tu as subi jusqu'à maintenant. Moi aussi, quand j'étais encore normal, je me posais des questions. Jusqu'à ce que j'aie le déclic. Sais-tu, au juste, ce que fut le déclic ? demanda-t-il d'une voix mielleuse.
- Non, je suppose que non, répondit Dirk défait.
- LA MORT ! LA MORT ! TU ENTENDS ? LA MORT, HAHAHAHAHAHA !
Enfin, il prit conscience du danger. Avant qu'il n'ait eu le temps de s'échapper, le fou l'empoigna violemment à la gorge. Il rejeta alors la tête en arrière laissant apparaître pour la première fois ses yeux. Ils étaient d'un bleu très clair avec des pupilles un peu plus foncées qui tournaient de façon folle dans leur orbite. Tout à coup, l'homme sembla avoir un éclair de lucidité. Il ne prononça aucun mot mais lâcha légèrement sa prise et fit un signe de la main qui voulait clairement dire « sauve-toi, tant que tu le peux encore ». Dirk n'hésita pas une seconde et baffa l'inconnu avant de déguerpir le plus loin possible. Une fois à terre, l'homme devint plus fou que jamais. Il hurla tellement de rage que sa mâchoire semblait se détacher de sa tête. Il avait visiblement sacrifié toute humanité en luttant une dernière fois contre lui même. Il se leva rapidement et sortit de sous sa tunique deux poignards aux lames légèrement incurvées. Après cette vision d'horreur, Dirk s'enfuit aussi vite que ses jambes le lui permettait. Au bout d'environ quatre bonnes heures de fuite dans la forêt aussi sombre que menaçante, il arriva vers le caillou où il s'était posé lors de son premier jour de travail dans la forêt. Il remarqua qu'il était blessé à plusieurs endroits de son corps. Ce devait sûrement être dû aux nombreuses ronces qu'il avait rencontré lors de sa terrible course. Il resta alors au moins une heure supplémentaire appuyé contre le rocher à sangloter en silence. Mais, au moment où il pensait qu'il avait définitivement semé le danger, il entendit un bruit dans les arbres derrière lui. Il fit volte-face et évita de justesse le couteau qui volait vers lui. En réponse à son esquive, il n'entendit qu'un petit rire aigrelet dans l'obscurité des arbres. Il reprit donc sa course folle. Mais tout ne se passa pas bien. Une demi-heure plus tard environ, il chuta dans un ravin...

Heure du crépuscule, au fond d'un fossé.

Sa tête était en sang. Sa vision était brouillée. Les battements de son coeur étaient irréguliers et il avait la nausée. Mais, pire que tout, il s'aperçut que son agresseur était là, penché sur lui.
- Tu en as mis du temps, murmura t-il d'une voix remplie du plaisir de pouvoir tuer sa proie.
Lorsque le couteau plongea dans sa chair, Dirk eut sa dernière pensée.

« Mon enfant, si tu as peur du bruit du vent, n'oublie jamais que, toujours, son souffle te réconfortera aux moments opportuns. »



J'avais prédit que tu serais à moi.
Tu ne peux désormais plus me résister.
Une Ombrebête vit en toi,
Et quoi que tu tentes, je gagnerai.

Tu erreras dehors,
Pendant qu'augmentera mon pouvoir.
Je suis le Dieu de la Mort.
On me nomme Yogg-Saron, la fin de l'espoir.


Épilogue

Lorsque Wandy entra dans le local où son mari exerçait son métier de forgeron, elle ne le trouva pas. Elle commençait à se faire du souci. Il était censé ramener le sanglier, mais la carcasse était toujours là. Elle ne put que se résigner à retourner à la mairie. En sortant, elle ne décela pas le pan de cape qui dépassait de l'embrasure de la porte.

La légende raconte, que, dans le mystérieux pays du Norfendre, tout un village a disparu dans la folie, envahi par des hommes possédés. Ce n'est peut-être pas qu'une histoire stupide... Certaines personnes racontent même avoir entendu au fin fond des forêts enneigées, cette phrase :
- Faites le sortir. Faites le sortir de ma tête !


DarkSkywalker



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Enfin, le projet D est finit !

kappa x)
Genial !! gg la taverne
Tit'
  • 2998 message(s)
14 Mai 2017, 20:53
Elle est enfin arrivée ! o/

Magnifique histoire :D
Demon22
  • 2229 message(s)
14 Mai 2017, 21:19
Wait, wait, il y a un passage que j'ai déjà lu, est-ce que tu avais publié un extrait, Dark? Je ne me souviens plus. En tout cas, jusque là, c'est impec, très peu de fautes, et une histoire très prenante et bien écrite! ^^
Excellent, j'ai accroché du début à la fin ^^.
Citation de KuroThunderExcellent, j'ai accroché du début à la fin ^^.


Si tu en veux plus va sur le topic de la TAA, épinglé à la taverne !
lehellf
  • 931 message(s)
15 Mai 2017, 06:13
Citation de IronOfdragoonsEnfin, le projet D est finit !

kappa x)


Mais c'est pas le projet D
c'est le projet M (mamytwink)
Kappa
Merci bcp à tous !
Dites moi s'il y a des choses que vous n'avez pas aimée/comprises :)
sauronr
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15 Mai 2017, 19:12
BRAVI BRAVO

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